Rachida Dati rêve d’une French Tech du jeu vidéo

La source d’informations quotidiennes sur tech en France. Par KLARA DURAND Avec OCÉANE HERRERO & TIPHAINE SALIOU Infos, tuyaux et mini-drames à partager ? Ecrivez à Océane Herrero, Klara Durand et Tiphaine Saliou | Voir dans votre navigateur AU MENU — Rachida Dati, nouvelle marraine du jeu vidéo. — Budget : le gouvernement prêt à […]

Oct 25, 2024 - 17:00

La source d’informations quotidiennes sur tech en France.

POLITICO Pro tech Matin

Par KLARA DURAND

Avec OCÉANE HERRERO & TIPHAINE SALIOU

Infos, tuyaux et mini-drames à partager ? Ecrivez à Océane Herrero, Klara Durand et Tiphaine Saliou | Voir dans votre navigateur

AU MENU

— Rachida Dati, nouvelle marraine du jeu vidéo.

— Budget : le gouvernement prêt à des concessions sur l’innovation.

— Intelligence artificielle : les ayants droit reçus à l’Elysée.

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes vendredi 25 octobre. Et nous sommes ravies de vous retrouver pour cette fin de semaine, la deuxième à vos côtés depuis le lancement de Tech Matin !

LE FAIT DU JOUR

BOSS DE FIN. Rachida Dati, marraine du jeu vidéo, qui l’eut cru ? Pas les patrons des studios et développeurs qui lui faisaient face hier, à l’occasion de la Paris Games Week. Invitée par deux lobbies du secteur, le Sell et le SNJV, la ministre était ouvertement en opération séduction : “N’oubliez pas que votre premier interlocuteur, c’est le ministère de la Culture”, a-t-elle martelé dans son discours. Nous avons besoin de vous et de ce que vous développez.”

Tensions sur la map. Consciente des politiques “très agressives” mises en place par d’autres pays pour attirer les studios, “parfois au mépris des règles de libre concurrence”, Rachida Dati a affirmé que le secteur constituait, pour la France, un “enjeu de souveraineté”, dans un contexte géopolitique “extrêmement tendu”. Si la ministre n’a pas explicitement évoqué les rumeurs de rachat d’Ubisoft, elle a vanté le savoir-faire français, faisant référence au jeu Assassin’s Creed du studio et sa “reproduction extraordinaire de la ville de Bagdad”.

En bonus. Pour appuyer son soutien au secteur, Rachida Dati a promis que le crédit d’impôt jeu vidéo (CIJV) ne serait pas remis en question. “Nous considérons que ça n’est pas un outil d’assistance, mais un dispositif de développement”, a-t-elle argué. Elle a également confirmé que les fonds alloués au secteur par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ne baisseraient pas tant qu’elle sera “à la tête de ce ministère”.

Concertation multijoueurs. Une annonce applaudie par le public, alors que le contexte social est particulièrement morose pour l’industrie. Le studio français Don’t Nod a annoncé la semaine dernière un plan social. Une partie des salariés d’Ubisoft s’est par ailleurs mise en grève pour dénoncer le retour en présentiel, perçu comme un plan social déguisé. “Dans les prochains mois, nous allons essayer de structurer l’industrie et ses acteurs pour évoquer ce sujet”, nous a confié un porte-parole du CNC. Ce dernier appuie le projet de la ministre de réunir les acteurs du secteur sous “une bannière commune”, comme la French Tech pour les start-ups.

Jeu vidéo

UN MUSÉE IRL. Construire un musée du jeu vidéo : une idée qui fait rêver plus d’un gamer. Il y a un an, au moment de la Paris Games Week, Emmanuel Macron avait apporté son soutien à un tel projet, porté par deux entrepreneurs et créateurs de contenus.

Nouveau personnage. Une démarche qui a surpris l’ensemble du secteur, alors que de nombreux projets de ce type avaient été envisagés par le passé, sans aboutir. Mais un homme s’est assuré que le “projet Odyssée” — c’est son nom — obtienne l’onction présidentielle. Sans fonctions officielles à l’Elysée, Nouredine Azzouk assure avoir été la cheville ouvrière de cette opération de com, comme nous vous le racontons dans cet article.

L’Odyssée, la vraie. Le musée devrait s’appeler “Odyssée”, un nom presque à l’image des défis qui émaillent sa construction. Les difficultés sont d’abord financières : les 2 millions d’euros initialement récoltés via un crowdfounding sont loin d’être suffisants pour financer le chantier. Par ailleurs, et malgré le soutien de l’Elysée, le projet semble sous les radars d’acteurs politiques cruciaux : le ministère de la Culture, mais aussi les organisations professionnelles du monde du jeu vidéo.

BUDGET

ALERTE DIVULGÂCHAGE. Notre collègue Paul de Villepin a mis la main hier sur un précieux tableau : celui-ci récapitule l’avis du gouvernement sur plusieurs centaines d’amendements parlementaires, déposés pour le projet de loi de finances 2025. Fort serviable, votre infolettre l’a parcouru pour vous, et voici ce qu’il faut retenir sur les dossiers numériques.

Sur le soutien à l’innovation d’abord, l’exécutif semble prêt à des concessions. Il envisage ainsi un avis de sagesse — c’est-à-dire qu’il s’en remet à l’avis de l’Assemblée — sur les amendements de Louise Morel et Paul Midy (EPR), qui proposent une prolongation du crédit d’impôt innovation jusqu’à la fin 2027. Mais à une condition : que le taux soit abaissé.

Le gouvernement est également prêt à toucher au crédit d’impôt recherche. Il prévoit notamment un avis de sagesse sur l’amendement de Charles de Courson, qui propose de recentrer son assiette en excluant les “dépenses de brevet, normalisation, veille technologiques”. Le gouv veut cependant des précisions sur le volet normalisation.

Le moment crypto. L’exécutif est prêt à soutenir un amendement de l’ancien ministre Thomas Cazenave visant à sanctionner de la même manière la non-déclaration des actifs numériques détenus à l’étranger — les cryptos notamment — et la non-déclaration des comptes financiers et contrats d’assurance détenus hors de l’Hexagone.

Casinos en ligne : ça joue. Le gouvernement se dira favorable, au banc, à la légalisation des casinos en ligne qu’il avait introduite le week-end dernier par amendement. Et ce, malgré la fronde d’une partie du secteur des jeux d’argent et même de certains ministères.

Attendez-vous en revanche à un avis défavorable sur les huit amendements qui prévoient une hausse de la taxe sur les services numériques, aussi appelée “taxe Gafam”. 

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

AI CULTURE SUMMIT ? Le secteur de la culture et des médias avait rendez-vous, hier rue du Faubourg Saint-Honoré, pour une suite d’échanges autour de l’AI Action Summit, le grand raout sur l’intelligence artificielle que la France accueillera en février prochain. L’objectif d’Anne Bouverot, envoyée spéciale d’Emmanuel Macron en charge de l’événement : coordonner son volet culturel.

Infos et désinfo. Les représentants du monde des médias (audiovisuel public et privé, presse écrite, radio…) ont été invités à signer, à l’occasion du sommet, une charte sur les risques posés par l’IA en matière de désinformation, a relaté un participant à ma collègue Océane Herrero.

Sans surprise, ce dernier n’est pas tout à fait convaincu par l’idée, “qui devrait plutôt reposer sur les entreprises d’intelligence artificielle”, estime-t-il. Il regrette également que la question de la transparence des données d’entraînement, cruciale pour le secteur, n’ait pas été évoquée. Les organisateurs du sommet souhaitent surtout des démonstrations autour des cas d’usage de l’IA dans les médias.

Au suivant. Alors qu’ils quittaient la réunion, les représentants des médias ont croisé ceux de l’écosystème culturel (musique, cinéma, livre, arts graphiques…). Pas de proposition concrète cette fois, mais une tentative de “câlinothérapie”. “Les organisateurs étaient plutôt dans une posture d’écoute sur nos préoccupations et nos doléances”, nous rapporte un participant. En face, le message commun des ayants droit était clair : l’IA ne peut pas se développer sans un respect minimal du droit d’auteur, et le sommet devra aussi aborder ce point.

La promesse a été faite de se revoir régulièrement pour travailler ensemble. Le rendez-vous est pris, tous les quinze jours en visio, a appris POLITICO.

DU CÔTÉ DE BRUXELLES

AXE NORD-EST. Nous vous en parlions hier, les commissaires européens désignés sont en train de mettre leurs priorités au clair. Chargée de la Souveraineté technologique, Henna Virkkunen envisage ainsi de se pencher sur une mission critique : garantir une connectivité “sûre” et “digne de confiance”. On vous traduit : l’enjeu est de se passer des technologies chinoises.

En douceur. Comme vous le racontent mes collègues bruxellois, la Finlandaise n’est pas étrangère à ces enjeux, puisque 41% des réseaux 5G de son pays s’appuient sur des équipements du chinois Huawei — au détriment du champion national, Nokia. En choisissant une régulation plus douce envers le géant chinois, la Finlande espérait que Pékin soit plus conciliant avec Nokia, relate un analyste. 

AGENDA

A 10h30, Gabriel Attal, député et ancien Premier ministre, sera à la Paris Games Week. A 15 heures, c’est le délégué interministériel à la jeunesse, Mathieu Maucort, qui se rendra sur les lieux.

RESTEZ BRANCHÉS

— Le tribunal de commerce de Paris vient de condamner Google à verser plus de 26 millions d’euros à la société Equativ pour pratiques anticoncurrentielles dans la publicité en ligne, rapporte mind Media.

— OVH cloud change de patron. Benjamin Revcolevschi remplace Michel Paulin au poste de directeur général, détaille Les Echos.

Le Figaro décrypte comment l’IA générative est devenue le nouvel eldorado des applications d’apprentissage de langues comme Duolingo ou Babbel.

Un grand merci à : notre éditrice Tiphaine Saliou et à Jean-Christophe Catalon.

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