L’Assemblée nationale censure le gouvernement Barnier
La motion de censure déposée par la gauche a été adoptée par 331 voix.
PARIS — C’est une première depuis 1962 et la chute du gouvernement de Georges Pompidou. L’Assemblée nationale a adopté ce soir la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire par 331 voix, bien au-delà des 288 voix nécessaires. Michel Barnier devrait désormais présenter sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron, comme le prévoit la Constitution.
Avant le vote, le Premier ministre a dit son “honneur d’avoir servi avec dignité la France et les Français”. “Nous voilà rendus à ce moment de vérité”, car la “réalité” budgétaire “ne disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure”, a-t-il ajouté.
“Cette motion de censure rendra tout plus grave et plus difficile, j’en suis sûr”, a aussi insisté Michel Barnier.
“Budget toxique”, “erreur devant l’histoire”
“La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”, l’avait attaqué plus tôt Marine Le Pen à la tribune. La présidente des députés RN en avait profité pour justifier le fait de mêler les voix de son camp à celles de “l’extrême gauche” : “Nous utilisons le NFP comme un simple outil pour éviter l’application d’un budget toxique […] sans cap ni vision”.
Quant aux “petits pas” faits par le gouvernement Barnier à l’égard du RN dans les derniers jours sur ses choix budgétaires, Le Pen a estimé que “des miettes” ne pouvaient pas “s’appeler des concessions”.
“Ressaisissez-vous, Madame Le Pen !”, a exhorté Laurent Wauquiez (DR), dans une dernière vaine tentative de la faire changer de pied. C’est “une erreur devant l’histoire”, a renchéri Gabriel Attal au nom des macronistes d’EPR, avant de prier les socialistes de “s’affranchir” des Insoumis et de Jean-Luc Mélenchon.
Pour défendre la motion de censure déposée par la gauche, Eric Coquerel (LFI) a dénoncé l’attitude de Michel Barnier, qui a préféré “privilégier” l’extrême droite. Avant de conclure : “Aujourd’hui, nous votons la censure de votre gouvernement mais, plus que tout, nous sonnons le glas d’un mandat, celui du président.”
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, sur lequel le gouvernement avait engagé sa responsabilité lundi, est considéré comme rejeté. La suite de la discussion budgétaire est maintenant suspendue à la décision d’Emmanuel Macron de nommer un nouveau chef de gouvernement, ou de demander à l’actuel exécutif de gérer les affaires courantes.
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